«La nuit des pères» de Gaëlle Josse

«Mais, grand-frère, nous le savons tous les deux que ça ne veut rien dire, faire son deuil, que c’est une expression pour les magazines, on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d’autre. Nous le savons que chaque matin, il faut se rassembler, se lever, se mettre en marche, quoi qu’il en coûte. Que la douleur est un archipel dont on n’a jamais fini d’explorer les passes et les courants. Qu’elle est inépuisable. Lente, féroce et patiente comme un fauve.»

 Après plusieurs années d’absence, Isabelle s’apprête à rejoindre son frère Olivier et son père dans son village natal dans les Alpes. Son père déclinant de jour en jour sous le poids de la maladie, des adieux s’imposent. Ce sera aussi, peut-être, la dernière occasion pour elle de comprendre ce père distant et si difficile à aimer. Le temps d’un voyage, l’histoire familiale se nouera et se dénouera. Une ultime rencontre familiale avant le grand départ.

«La nuit des pères» est avant tout l’histoire d’une famille murée dans les silences et les non-dits. Une famille meurtrie par les épreuves de la vie, par l’histoire de ce père à jamais brisé par son passé, incapable de manifester son amour pour ses proches.

C’est aussi l’histoire d’une rencontre tant espérée entre une fille et son père. Au crépuscule de la vie, enfin, la compréhension après des années de solitude et de souffrances. Un roman intense.

Du même numéro